La question des rapports entre genres constitue désormais, y compris en France, un domaine de recherche bien institutionnalisé. A travers des travaux récents ont été abordés les rapports sociaux de genre en eux-mêmes, tels qu’ils sont vécus au quotidien par les individus, ainsi que les positionnements militants organisés autour de ces rapports. Aucune recherche systématique n’a en revanche tenté de croiser ces deux problématiques pour n’en former qu’une : nombre d’actrices et d'acteurs, sans s’inscrire dans un militantisme organisé, mobilisent en effet des discours sur le genre et les femmes pour intervenir dans leurs domaines d’activité propre (médias, politique, médecine, justice etc.). Dans quelle mesure ces jeux sur et avec le genre, ces usages - et mésusages - contribuent-ils in fine à façonner les rapports sociaux de sexe ? Les discours ordinaires (au sens où ils ne sont pas organisés sous une forme militante explicite, mais sont liés aux rapports sociaux quotidiens) sur les excès et effets pervers du féminisme, ou encore le déni du genre comme catégorie d’analyse pertinente, les propos tenus sur les femmes (qu’ils soient positifs ou négatifs) constituent autant d’appropriations ordinaires des rapports sociaux de sexe et des luttes qui en sont l’objet. Ce colloque interdisciplinaire et international interrogera la manière dont ces discours portent, implicitement ou explicitement, sur les modes de domination caractéristiques de différents espaces sociaux et constituent autant de manières de contester leur transformation ou de justifier leur perpétuation.